Récit sans héros, où tous les protagonistes ont leur lot de tares et de démons, où tous ploient sous les coups de l’humiliation, c’est un monde noir, sans espoir ni morale qu’a mis en mots Sologoub. Un monde tout en bassesse et petitesse, et qui pourtant ne cesse de rêver de grandeur. Cette histoire ne pouvait prendre place que dans un livre imprimé en niveaux de gris, comme autant de nuances d’une même rigidité administrative qui formate les désirs jusqu’à l’absurde.
Un livre qui joue sur les déséquilibres et les correspondances entre taille réelle, importance sociale et place occupée par le texte dans un espace qui se réduit. Un livre dont les pages rétrécissent, à mesure que Saranine disparaît, et deviennent toujours plus étroites, comme l’esprit des personnages. Un livre qui semble presque disparaître entre les mains du lecteur. La matérialisation d’un système d’oppression qui comprime une société entière, et les entraîne tous dans une chute vers le néant. Jusqu’à dispar…
Photos : Camille Cier
Client : Éditions Tendance Négative
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Graphisme de couverture, maquette, mise en page